Cheveux ? Blonds, soyeux, parfaits. Teint ? Un peu pâlot, mais j’y peux rien hein. Note personnelle : me réserver un peu de temps pour bronzer à la plage. Ca me manque tiens. Vêtements ? Beeeeaux. J’aime le shopping. Normale, vous allez me dire, je suis une fille. Tout ça pour dire que j’ai une apparence plus que présentable pour revoir Ezekiel. Ouais, aujourd’hui, j’en ai décidé, ce sera le grand jour. Le grand, grand et encore grand. Bon, lui, il ne le sait pas, d’ailleurs, il se doute même pas que je suis vivante, mais il le verra. Mon dieu faîtes qu’il le prenne bien. Imaginez qu’il fasse une crise cardiaque en me voyant. J’me souviens pas qu’il ait des problèmes de cœur, enfin, on sait jamais quoi. Je crois pas pouvoir soigner ça. Hum. Ce serait potentiellement embêtant. Bref. Je me demande s’il va me reconnaître, en fait. C’est que ça fait cinq cents ans et des poussières que je ne l’ai pas vu. Et dieu sait que j’ai énormément changé en cette période. En même temps, je n’en avais pas tellement le choix, imaginez, de nos jours, au 21ème siècle, une fille habillée comme une paysanne du quinzième siècle. Bien entendu, je me ferais foutrement remarquée là. Bref. Autrement dit, je suis habillée dans des vêtements que je trouvais, il y a des centaines d’années, carrément indécents. Une robe, et pas une de ces grandes robes que les bourgeoises portaient à mon époque non, une petite robe, légère, blanche et m’ arrivant au niveau des cuisses. Tellement courte à vrai dire que je n’pense pas être capable de m’abaisser sans qu’on puisse y voir une petite culotte. Mais bon, c’est ce que porte toutes les femmes ici. Et puis merde, je me trouve franchement canon dedans.
Je me regarde dans le miroir, et je me rends compte que j’ai oublié un truc. Le maquillage. J’ai sans doute l’air pathétique à vouloir être si .. jolie, mais je veux faire une bonne impression. J’applique donc une fine couche de rouge à lèvres pêches, déniche mon parfum patchouli et je suis prête. Je crois. J’espère. J’inspire profondément. Je dois me concentrer maintenant. Voyez-vous, les êtres de lumières ont un pouvoir fort bien pratique, celui de localiser les gens. En tout cas, grâce à ça je peux savoir à peu près où est-ce qu’il se trouve. J’avoue, ça fait serial-killeuse de détecter les gens comme ça. Mais faut pas croire hein, ce pouvoir il me sert avant tout à protéger les gens. J’inspire. Je ferme les yeux. Je pense à lui. Fort fort. Et PAF. Je sais qu’il est dans le parc, le golden gate park. Je me regarde une dernière fois dans le miroir, tente de me donner confiance en moi, et je m’éclipse dans un endroit désert du parc.

Et maintenant que j’y suis, je me rends compte que ça va être drôlement chaud de le trouver dans la foule. J’aurai dû y penser avant tiens. Pas de problème, pas de problème. Je maîtrise la situation. Je me concentre. J’essaye, avec tout le monde qui parle de son côté, j’avoue que j’ai surtout envie de crier un « Mais taisez-vous ». Pas de ma faute, j’ai besoin de calme pour me concentrer. Il est pas loin, je le sais, je le sens. Alors je marche. Là où mon intuition féminine –bon, non, d’accord, mon pouvoir – me guide. Et, miracle. Je le vois. Je crois le voir. De dos, avouez que c’est pas une tâche facile non plus. Mais il y ressemble, et mon pouvoir m’indique que c’est lui. Je ressens une boule dans mon ventre. Le stress. Foutu stress. J’avance, je le suis, plus ou moins discrètement. Je vais l’aborder comment moi ? Je réfléchis, je réfléchis. Et je marche. Qu’est-ce que je peux lui dire ? Mon dieu. Ca fait si longtemps. Puis, au bout d’une vingtaine de seconde – et je me demande bien comment Ezekiel fait pour ne pas remarquer que je le suis, parce que j’ai une discrétion pas géniale – l’idée me vient en tête. Je suis une idiote. « Ezekiel ? » lancé-je de la façon la plus simple du monde. Mais suffisamment fort pour qu’il l’entende. Je n’ose pas espérer qu’il me reconnaisse juste au son de ma voix, mais en se retournant, avec un peu de chance, et je dis bien un peu, il me reconnaitra. J’espère.

Gloria & Ezekiel
Les sentiments ne s'effacerons jamais.

Je marchais dans le parc, mains dans les poches, je ne savais quoi faire, quoi dire ou aller. J'étais perdu, déchiré intérieurement. Mes sentiments n'en faisaient cas leurs tête, je devais faire un choix, un choix brutal que je n'avais jamais osé faire. Je devais tirer un trait sur Gloria, cette femme que j'avais aimé plus que ma vie elle-même, qui avait fait de moi l'homme que j'étais à présent. Mais pourquoi devais-je faire cela? Car mon coeur semblait battre pour une autre, essayant d'effacer le fantôme de cette blonde de mon passé. Non, je n'y arrivais pas, Blake ressemblait tellement à Gloria, elles étaient tellement semblable, je ne voulais plus souffrir. Depuis la mort de ma bien aimé, je m'étais refusé à aimer de nouveau une mortelle, à quoi jouais-je? La souffrance me collait à la peau, mon âme saignait sans cesse depuis son départ pour les cieux. Encore maintenant, j'espérais l'apercevoir au coin d'une ruelle, sentir sa peau nue contre la mienne, voir son sourire innocent et tendre. Mais cela ne pouvait plus être ainsi, la solitude me pesais et malgré mes dires, Blake m'attirait énormément. Pensif dans le parc, je marchais sans but, évitant tout contacte avec les humains qui semblaient se dépêcher sans cesse. Si seulement ils savaient...

Je venais de passer devant une fontaine que j'avais regardé brièvement, des enfants y jouaient avec une certaine innocence. Je ne pu m'empêcher de sourire. Avoir des enfants...une chose que j'aurais aimé faire avec Elizabeth. Malheureusement, elle était morte avant, tuée par je ne sais qui, je n'avais jamais pu le découvrir. Longtemps j'avais tenté de retrouver son assassin, j'avais échoué, je n'avais trouvé que de fausses pistes. A cette pensée, mon coeur se serra brutalement, cette idée était toujours douloureusement encrée en moi. L'image d'Elizabeth ne me quittait jamais, même en regardant Blake je pouvais y voir des trais de celle que j'avais autrefois aimé. Soupirant en silence je continuais à marcher, néanmoins, quelque chose en moi me dis que j'étais suivis. Me crispant, je continue à marcher en silence, ne laissant rien paraître. Après tout, j'étais tout à fait capable de me défendre, tout démons dignes de ce nom le savaient! Je n'accélère pas le pas, je n'en avais que faire de me battre devant les humains, après tout, ils ne m'étaient d'aucunes utilités. Effectivement, à présent je me battais pour mes propres intérêts, depuis sa mort je ne cherchais plus à répandre le bien autour de moi ni même le mal, j'étais devenu neutre.

• « Ezekiel? »

Je m'arrête brusquement, cette voix, je la connaissais par coeur et l'entendais dans mes rêves les plus fous. Non, cela ne pouvait-être elle, c'était totalement impossible. Je n'osais pas me retourner, cela ne pouvait être qu'une simple hallucination. Et pourtant... Je me retourne en silence, le regard grave et un air sérieux sur le visage. Là, elle m'apparut comme dans mes rêves. Sa peau était toujours aussi pâle cas l'époque, ses cheveux aussi beaux, ses yeux aussi bleus. Elle était en vie? Non, impossible, je ne pouvais y croire. Les démons essayaient-ils de me jouer des tours? Pourtant, au fond de moi, je savais que cette femme était belle et bien Elizabeth. Je fis un pas en avant puis deux, au point de me retrouver face à elle. Tendant la main, je la pose sur sa joue, un air tellement troublé sur le visage.

• « Elizabeth, c'est toi? Mais...je t'ai enterré...tu...étais morte...c'est impossible... »

Effectivement, c'était moi-même qui l'avait mise en terre, qui avait parlé en son nom alors que plusieurs membres de sa famille pleuraient sa mort. Puis, je m'étais enfui, accablé par la souffrance, je m'étais terré sous terre tellement la peine était insoutenable. Ma main sur sa joue me montrait qu'elle était belle et bien réelle, mais je ne pouvais pas y croire mes petits yeux. Maintenant que j'étais en train de tomber amoureux, mon passé me rattrapait brutalement...