‘‘ CRYSTAL & BONNIE

« Mademoiselle Sulez êtes-vous toujours parmi nous ? ». Quatorze heures un vendredi ... Bonnie était debout depuis bien plutôt, pile électrique dès lors qu'elle quittait son lit après avoir manqué de réduire son radio-réveil en morceaux, la jeune femme faisait de son mieux pour se défouler avant les cours, petite routine dont son fiancé avait pour habitude de se moquer, mais peu importe. Comme pratiquement tous les matins, son réveil avait sonné dans les environs de six heures alors que la nuit recouvrait encore toute la ville endormie qu'était San Francisco. Bonnie s'était doucement réveillée avec l'espoir vain de pouvoir se rendormir et faire comme si elle était déjà en week-end alors qu'une journée chargée l'attendait en ce beau vendredi. Comme par réflexe, sa tête se tourna sur sa gauche afin de vérifier qu'Ezra dormait toujours paisiblement à ses côtés, la jeune sorcière avait toujours cette crainte, peut-être idiote, qu'un jour elle se réveillerait sans lui à ses côtés et qu'il serait en danger par sa faute. Un léger sourire vint étirer le coin des lèvres de Bonnie qui regarda son fiancé pendant plusieurs minutes avant de repousser discrètement la couverture vers le bout du lit pour ensuite poser ses deux pieds sur le sol froid de la petite chambre de leur appartement. Un petit étirement, bras tirant vers le haut et Bonnie se leva d'un bond de son lit pour quitter la chambre sur la pointe des pieds pour le laisser dormir et pouvoir se préparer en vitesse pour être à l'université à huit heures précises. Jus d'orange et bol de céréales avalés, Bonnie rangea le tout pour se diriger vers la salle de bain prendre une bonne douche et l'utiliser pendant près d'une demi-heure comme elle en avait la mauvaise habitude. La jeune femme laissa l'eau chaude couler le long de son corps, son front poser sur le carrelage froid de la douche, contraste de chaleur qui eu comme effet de propager un long frisson tout le long de son dos et de la faire trembler. Bref, une fois parfaitement propre, ses cheveux bruns séchés, Bonnie leur donna juste un coup de brosse afin de les démêler et les laissa onduler à leur guise pour aller à la prochaine étape : choisir sa tenue du jour. Serviette enroulée autour de son corps, elle marcha tranquillement vers sa chambre, posant doucement la main sur la poignée pour faire le moins de bruit possible. « Il va faire dans les environs de vingt-six degré aujourd'hui et oui ... je suis réveillé belle demoiselle. ». Un nouveau sourire vint étirer les lèvres de Bonnie qui tourna la tête vers la partie du couloir menant à la cuisine où Ezra était adossé au mur, bras croisés contre son torse, souriant également.

« Merci bien, monsieur météo, je vais prendre vos prévisions en considération. ». Sur quoi elle ouvrit la porte de la chambre sans discrétion et s'engouffra à l'intérieur, refermant derrière pour aller ensuite se diriger vers la fenêtre où elle ouvrit d'une main les épais rideaux - l'autre tenant plus ou moins sa serviette - afin de laisser les quelques rayons du soleil qui se levait entrer dans la chambre et l'éclairer. Une fois face à son armoire, index tapotant ses lèvres signe qu'elle était en pleine réflexion, son regard se balada sur les divers vêtements lui appartenant à la recherche de la tenu qu'elle mettrait en cours. Ce fut après quelques minutes d'hésitation que son choix s'arrêta sur un short en jeans bleu délavé, griffé et aux bas élimés et sur une tunique sans manches blanche. Habillée, Bonnie attrapa son sac de cours où elle fourra tous ce dont elle aurait besoin et une fois qu'elle eue pris connaissance de l'heure sur son portable, elle quitta sa chambre en quatrième vitesse, enfila ses sandalettes multibrides en cuir et dans un signe de la main pour dire au revoir à son fiancé, elle attrapa ses clés et quitta l'appartement en trottinant. Par chance pour elle, il n'y avait pas encore trop de monde sur les routes permettant ainsi à Bonnie de rouler tranquillement en direction de l'université où elle gara sa Chevrolet Camaro - cadeau de sa grand-mère - sur le parking. La demoiselle monta rapidement les marches la séparant dans l'entrée de l'université, entrée qui une fois franchie signait le début de sa journée infernale. « Mademoiselle Sulez !? ». Bonnie arqua un sourcil, levant la tête vers son professeur d'histoire contemporaine qui la fixait par-dessus ses lunettes. Malgré le fait qu'elle soit au milieu de l'amphithéâtre et lui tout en bas sur son estrade, dos au tableau, elle pouvait sentir à quel point il la fusillait du regard. La sorcière se redressa sur son strapontin et se tint droite, s'excusant rapidement tandis qu'elle attrapait son stylo, preuve qu'elle allait de nouveau se concentrer sur le cours. Satisfait d'être enfin parvenu à faire sortir son élève de ses pensées, son professeur reparti de son explication sur le chapitre qu'ils étudiaient et qui avait le don d'endormir la demoiselle bien qu'elle soit passionnée par l'histoire. Néanmoins, Bonnie fit de son mieux pour se concentrer réellement sur le cours, prenant quelques notes ici et là jusqu'à ce que retentisse la sonnerie qu'elle attendait avec impatience et qui signifiait non seulement que son cours était terminé, mais aussi qu'elle était en week-end.

La jeune femme rangea ses affaires à toute vitesse dans son sac, bien impatiente de quitter cette université pour aller se bronzer au soleil en compagnie de sa meilleure amie. « Mademoiselle Sulez ? Pourrais-je vous voir quelques instants s'il vous plait ? ». Bonnie s'arrêta à quelques centimètres de la porte de l'amphithéâtre, levant les yeux au ciel en poussant un discret soupire et fit face à son professeur un souriant tandis qu'il montait les marches qui les séparaient. « J'aimerais que votre comportement change dans mes cours mademoiselle et j'espère sincèrement que vous écoutiez bien et que votre dissertation sera excellente et me prouvera que vous méritez d'être ici. ». Cette fois Bonnie ne cacha pas son agacement et regarda son professeur d'une manière assez surprise. Néanmoins, ne voulant pas gaspiller sa salive pour se pauvre type, elle se contenta d'acquiescer en guise de réponse, tourna les talons et fila rapidement en direction de sa voiture, pressée de quitter l'université. À nouveau chez elle, Bonnie troqua son jean et sa tunique contre un maillot de bain deux pièces jaune et une légère robe blanche brodée. La demoiselle attacha sa longue chevelure brune et ondulés en queue haute, elle pris son sac de plage dans lequel elle jeta l'essentielle - bouteille d'eau, portable, serviette et crème solaire - elle déposa ses lunettes de soleil mouche sur le bout de son nez et repartie à nouveau vers sa voiture dans laquelle elle s'engouffra, posant son sac côté passager. Une fois arrivée à destination, sac sur son épaule, elle retira ses sandalettes et marcha pieds nus sur le sable fin et chaud de la plage, se dirigeant vers l'endroit où Crystal et elle s'installaient à chaque fois qu'elles se rendaient ici. Il était tout juste quinze heures et la plage commençait déjà à se remplir de monde, principalement des étudiants ou des lycéens qui commençaient déjà à profiter du soleil et de leur début de week-end. Allongée sur sa serviette, robe blanche rangée dans son sac et se tenant sur ses coudes, Bonnie profita de l'agréable sensation que les rayons du soleil pouvaient avoir lorsqu'ils frappaient sa peau déjà matte. Ce fut en voyant une ombre se dessiner sur son corps qu'elle pris conscience de la présence de Crystal. Bonnie tourna la tête vers elle lui adressant un large sourire tout en se relevant afin de lui faciliter les choses pour lui faire la bise puis elle reprit sa précédente position sur sa serviette. « Ta journée s'est bien passée ? ». Bonnie grimaça légèrement, fronçant son nez, le regard rivé sur l'eau qui l'éblouissait malgré ses lunettes de soleil. « Pas réellement, je déteste le vendredi et la tonne de cours que j'ai, mais ... je déteste surtout mon crétin de professeur d'histoire contemporaine que j'ai en dernière heure. Et toi ça allait ? ».

Voyant le ballon frapper la tête de Crystal, Bonnie chercha immédiatement les fautifs et manqua de justesse de perdre le contrôle de son pouvoir. Il fallut qu'elle se calme rapidement afin d'éviter de faire pousser une plante qui aurait agrippé ce crétin et l'aurait lancé à plusieurs mètres plus loin. « Les mecs quels bande d'idiot, heureusement que tu as trouvé celui qui te faut. ». Bonnie acquiesça tout en soupirant, ce que les garçons pouvaient être immatures lorsqu'ils s'y mettaient, il était quand même bien plus simple de venir parler à Crystal plutôt que de lui envoyer un ballon en pleine tête ? Il fallait croire que non. « Oui, moi j'ai mon prince charmant depuis le lycée. ». Un sourire idiot apparu sur les lèvres de Bonnie qui tourna ensuite la tête vers sa meilleure amie. « D'ailleurs tu en es où toi ? Il me semble que tu m'avais parlé d'un certain Noah non ? ». Bonnie donna un petit coup d'épaule dans celle de Crystal pour la forcer à parler, un petit sourire aux lèvres.

‘‘ CRYSTAL & BONNIE

Bonnie aimait le soleil, oui elle l'aimait vraiment beaucoup. Ça lui rappelait sans cesse la Floride, cet état où elle avait vu le jour, cet état où elle avait grandi. Elle était une grande habituée du soleil, en douze ans le climat chaud de Jacksonville faisait partie d'elle-même, c'était peut-être idiot de parler ainsi de température, mais elle s'en moquait. Venir vivre à San Francisco avait été un gros changement dans la vie de la petite fille qu'elle était à l'époque, certes cette ville se trouvait en Californie, sur la côte Ouest du pays et pas forcément à l'endroit le plus froid, néanmoins ce n'était pas Jacksonville ou Miami. Le soleil était présent ici, il faisait chaud à cette période de l'année, néanmoins les températures chutaient rapidement une fois que le soleil disparaissait à l'horizon et Bonnie avait l'impression d'être en hiver, une exagération que son fiancé ne cessait de lui faire remarquer. Toujours dans la même position, plus ou moins allongée sur sa serviette, relevée à l'aide de ses coudes afin de pouvoir avoir une vue d'ensemble de toute la plage, du moins aussi loin que pouvait aller son regard, Bonnie profitait joyeusement des rayons du soleil qui tapaient sur sa peau protégée et déjà bien matte, couleur naturelle due à ses origines mexicaines. Ses paupières étaient closes, Bonnie avait rejeté sa longue chevelure brune en arrière de manière à dégager son visage pour qu'il prenne également le soleil. La jeune femme poussa un soupire de bien-être, il lui en fallait peu pour oublier la mauvaise journée qu'elle avait eu, à présent il n'y en avait plus que pour sa fin d'après-midi à la plage en compagnie de sa meilleure amie, à profiter du soleil qui régnait sur San Francisco. À présent, Bonnie pouvait penser au merveilleux week-end qui arrivait bien qu'elle devait travailler ses cours et qu'elle risquait sans aucun doute d'être la cible d'une nouvelle attaque, comme à chaque fois qu'elle ne se trouvait plus dans un lieu public. À croire qu'il fallait qu'elle ait en permanence tout un groupe de personnes autour d'elle pour être en sécurité ... enfin pour ça il fallait déjà qu'elle ait peur pour sa vie. La sorcière connaissait la raison pour laquelle elle était si souvent pourchassée depuis l'apparition de ses pouvoirs, elle savait que la famille de son père la cherchait pour faire d'elle une sorcière maléfique, un phoenix bien plus puissant qu'eux parce qu'elle était une hybride. En sachant cela, Bonnie savait pertinemment qu'ils ne comptaient pas la tuer et de toute manière en étant un phoenix le taux de réussite concernant une mort éventuelle pour elle n'était pas très élevé. En réalité, la jeune femme avait bien plus peur pour son entourage que pour elle-même, toutes les personnes qui la côtoyaient étaient des cibles si on voulait l'atteindre et Bonnie en avait conscience, seulement elle ne comptait pas devenir une ermite, ce serait les faire gagner, tout du moins en partie.

De nouveau la sorcière soupira, mais cette fois-ci il n'y avait plus aucune trace de bien-être, celui-ci avait été remplacé par une certaine frustration qui gagnait Bonnie au fur et à mesure qu'elle pensait à tous les risques qu'elle faisait courir à ses proches malgré elle. La jeune femme avait bien plus peur pour Ezra en réalité. Elle savait qu'il était un sorcier et qu'il était capable de se défendre par lui-même, seulement elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir peur pour lui, de craindre de le perdre tôt ou tard. Pour cette raison, Bonnie s'éloignait de lui dans l'espoir peut-être stupide qu'il soit plus en sécurité s'ils étaient moins proches. Ce n'était pas l'idée du siècle, c'était même la pire idée qu'elle ait eu jusque là, mais Bonnie avait l'impression qu'ainsi elle mettait moins Ezra dans le danger, quitte à le perdre à trop s'éloigner, ce qu'elle ne supporterait pas. Par moment, la demoiselle ne savait réellement plus où donner de la tête, si elle continuait sur cette voie elle finira par devenir folle. Bonnie ouvrit les yeux, battant des cils quelques instants, le temps que ses yeux se fassent à la lumière du soleil après être restés plusieurs minutes dans l'obscurité. Elle chassa toutes les pensées négatives de son esprit, elle n'était pas là pour ruminer, elle avait déjà passé une assez mauvaise journée, la jeune femme ne comptait pas gâcher sa fin d'après-midi sous prétexte qu'elle était perdue depuis quelques temps. « Arf, j'ai eu Mr Smith en dernière heure, il m'a encore fait un sermon, les profs ça peut vraiment être agaçant parfois, mais lui je le hais. ». Bonnie leva les yeux au ciel, à la fois pour exprimer son accord avec les propos de Crystal et aussi pour exprimer le fait que son professeur n'était qu'un crétin qui l'agaçait alors qu'elle ne le connaissait même pas.

« Un jour ils finiront par comprendre qu'on peut être plus bêtes qu'eux ... du moins j'espère pour eux parce que sinon ils sont mal barrés. ». Plus les générations évoluaient et plus la mentalité changeait, c'était inévitable. Néanmoins, Bonnie avait pu remarquer à quel point les lycéens et autres étudiants pouvaient être mauvais lorsqu'un professeur les cherchait trop, c'était pire d'année en année. Bien sûr, Bonnie aussi répondait à ses professeurs, elle n'était pas le genre de jeune fille à se laisser marcher sur les pieds, lorsqu'elle n'aimait pas la manière dont on lui parlait elle le faisait comprendre, seulement elle n'avait jamais été jusqu'à manquer de respect à l'un de ses professeurs. La jeune femme avait été assez bien élevée pour savoir faire la part des choses, ce qui n'était pas le cas pour tout le monde dans les nouvelles générations qui arrivaient. Pour bien se changer les idées, à la fois les siennes et également celles de Crystal, Bonnie préféra changer de sujet. Les professeurs et leur caractère agaçant devaient être mis de côté jusqu'au début de la semaine prochaine, là elles devaient se changer les idées et profiter de cet après-midi qu'elles passaient ensemble. Toutes les deux ne se voyaient pas beaucoup, pas seulement à cause de leur différence d'âge et de leur vie qu'elles menaient chacune de leur côté, mais aussi à cause des cours qui n'étaient pas du tout les mêmes pour Crystal et Bonnie. Du coup, dès que la jeune femme pouvait en savoir plus sur ce cher Noah qui plaisait grandement à sa meilleure amie, elle sautait sur l'occasion comme elle venait de le faire à l'instant, attendant impatiemment la réponse de la blondinette à ses côtés. « Ha Noah, j'ai passé ma journée avec lui, il est adorable, mais je ne sais toujours pas si entre lui et moi c'est possible, c'est terrible je ne pense qu'à lui, quand il est près de moi tu n'imagines pas le nombre de gaffes que je peux faire, pour le moment ça l'amuse, mais moi je suis terriblement gêner, il a le don de me faire passer rapidement cette sensation, enfin je ne sais pas on est si proche maintenant que... que je n'aimerais pas gâcher tout cela, si jamais il n'a aucun sentiment pour moi et que le fait d'avoir tenté de sortir avec lui capote, tu imagines je devrais l'éviter quelle honte! ». Bonnie écouta chacune des paroles de son amie, elle tentait malgré elle d'analyser la situation afin de pouvoir donner un avis objectif à Crystal bien que ça soit quasiment impossible en étant sa meilleure amie. Un large sourire se dessina sur les lèvres de la sorcière, elle avait l'impression d'être retournée au lycée, lorsqu'elle avait vu pour la première fois Ezra. Il fallait croire que même avec les années, les sentiments étaient toujours les mêmes.

« Oui, enfin ... tu seras fixée au moins si tu fais le premier pas et quel garçon n'aurait pas de sentiments pour toi franchement ? D'accord ... je suis loin d'être objective, mais c'est vrai quoi ! Fonce, vous êtes proches le plus souvent c'est pour une bonne raison ou alors ... tu me le présente et je te dirais ce qu'il en retourne et si jamais c'est un crétin il aura à faire à moi. ». Bonnie lui adressa un grand sourire, toute fière de se présenter comme la protectrice de Crystal. Elle ne plaisantait pas sur le fait que si jamais Noah était un crétin et qu'il jouait avec elle, il aurait à faire à mademoiselle Sulez, bientôt McCullough, et autant dire qu'il passerait un mauvais quart d'heure. En revanche, si c'était tout le contraire, Bonnie se ferait un malin plaisir à les pousser l'un vers l'autre. « Vivement les vacances, j'en ai marre des cours, bon c'est vrai que je n'ai rien contre le fait d'étudier, mais on devrait avoir le droit de choisir nos professeurs, ho ça serait super, en tout cas Mr Smith n'aurait pas un planning bien charger. ». Bonnie ne parvint pas à retenir son rire suite à la réplique de Crystal. Vu la manière dont elle parlait de son professeur, la sorcière ne doutait pas une seule minute que son planning serait bien vide si les élèves pouvaient choisir les professeurs pour chacune de leur matière. « Je suis parfaitement d'accord avec toi, ça serait le pied si c'était possible et je sens qu'il y aurait beaucoup de professeurs sans élèves. Tu me diras ça leur donnera de quoi réfléchir et ça les forcera à se remettre en question à moins qu'ils soient crétins au point de croire qu'ils sont parfaits et que leurs élèves ne supportaient pas cette perfection. ».