« Meredith ! Prend Reagan avec toi et mets-la en sûreté. ». La longue chevelure brune de la jeune femme virevolta dans les airs tandis qu'elle tournait brusquement la tête en direction de son mari. Ethan semblait réellement effrayé ce qui ne rassurait guère sa femme qui avait vite compris que les bruits provenant du rez-de-chaussée n'étaient pas bon signe. Meredith jeta un dernier regard en direction d'Ethan dont le visage était à présent sévère. Sans attendre une minute de plus elle se précipita vers le couloir du premier étage de leur maison. D'ordinaire silencieuse à une heure pareille de la nuit, le silence était seulement troublé par les bruits de l'électroménager, à présent de nombreux bruits de pas provenant de l'escalier faisaient cesser ce silence. La jeune femme s'arrêta au pas de la porte de sa chambre, retenant sa respiration, son ouïe lui laissa comprendre que les hommes montaient à grands pas les escaliers qui n'allaient pas tarder à les mener à leurs cibles. Le plus discrètement, à pas de loup, Meredith partie sur sa gauche en direction de la chambre de sa petite fille. D'une main tremblante elle fit pression sur la poignée de la porte vers le bas, ouvrant aussi silencieusement que possible pour refermer tout aussi discrètement derrière elle, posant le front sur le bois frais de la chambre, laissant enfin de l'air entrer dans ses poumons. Cette pièce était bien calme, sa fille ne semblait pas avoir été dérangée par les bruits qui avaient réveillé ses parents ce que Meredith préférait, elle savait qu'il y avait peu de chance pour qu'elle et Ethan s'en sortent, elle voulait que sa fille ne risque rien. Ne voulant courir aucun risque, elle se dirigea vers le berceau de Reagan qui dormait paisiblement et dont le doux visage était légèrement éclairé par les rayons de la lune qui pénétraient dans la chambre. Un léger sourire étira le coin des lèvres de Meredith qui passa tendrement le revers de son index sur la douce joue de sa fille. Dans un sursaut, la jeune mère tourna la tête en direction du mur derrière elle comme si elle pouvait y voir à travers. Les bruits de lampe cassée et de combats lui rappelèrent à quel point il était important qu'elle ne perde pas de temps et ainsi, sans plus attendre, elle pris sa fille dans ses bras qui par miracle ne se réveilla pas. Meredith la serra quelques secondes contre elle, déposant un baiser sur le sommet de sa tête, les paupières closes pour finalement les ouvrir à nouveau, le regard posé dans le vide. « Que la sorcière présente ici ce soir et dont la vie est en danger, soit privée de tout pouvoirs jusqu'à sa dix-huitième années. ». Une larme coula le long de la joue de Meredith alors qu'un halo de lumières s'échappa du corps de sa fragile petite fille à présent démunie de pouvoirs. La jeune femme avait écrit cette formule pour brider les pouvoirs de Reagan dès lors qu'elle avait su que sa vie étant en danger et ce même si elle aurait souhaité ne jamais avoir à l'utiliser. Puis ceci fait, elle se dirigea vers le centre de la petite chambre, là elle souleva le lourd tapis rose pâle, qui apparaissait blanc à la lueur de la lune, pour laisser apparaître une trappe discrète qu'elle souleva afin d'y déposer doucement sa fille encore endormie. « Je te demande pardon mon cœur ... ». Sur ces mots, elle referma la trappe et remit le tapis à sa place pour ensuite se précipiter dans le couloir où trois hommes apparurent. Le cœur de Meredith s’accéléra tandis que dans une dernière formule prononcée à voix basse elle jetait un sort à la porte pour que ces hommes ne puissent pas y entrer. Puis il y eu un éclair qui traversa le couloir et l’obscurité reprit sa place ainsi qu’un silence mortel …

Je me prénomme Reagan Bonnie Sulez et j'ai beaucoup de choses à dire sur cette identité qu'est la mienne. Premièrement personne ne m'appelle Reagan, aussi loin que ma mémoire puisse aller personne ne m'a jamais appelé ainsi, à part peut-être mes parents biologiques, mais je ne peux pas en être certaine étant donné qu'ils sont morts lorsque j'avais deux ans. On m'appelle Bonnie et je préfère qu'il en soit ainsi ... Mon nom de famille n'est pas celui qui figure sur mon acte de naissance, je portais celui de mon père : Honeycutt, mais aujourd'hui je porte celui de ma tante et accessoirement celui de ma mère. Ma tante ... elle m'a adopté peu après le décès de mes parents, peu après avoir obtenu ma garde et si elle a décidé que je porterais ce nom ce fut pour me protéger, bien que je l'ai ignoré pendant de nombreuses années, quitte à me protéger autant bien le faire non ? Je suis née à Jacksonville en Floride il y a vingt-deux ans à peu près, le vingt-neuf août deux milles cinq. Mes parents étaient Ethan et Meredith Honeycutt et je n'ai strictement aucun souvenir d'eux ...

Mon enfance s'est déroulée à Jacksonville. J'ai grandi auprès de Maria et Daemon Catellini, il faut croire qu'on a toujours tenu à ce que j'ai des origines autres qu'américaines, enfin passons. Élevée par ma tante et mon oncle, j'ai eu une enfance plutôt banale, j'étais une petite fille discrète, mais très joyeuse. J'ai toujours eu facilement le sourire aux lèvres et le cœur sur la main très tôt, ce qui au fond est peut-être mon plus gros défaut, ça et le fait que j'ai un nombre élevé de peurs. Élève attentive et intelligente, si vous devez aller voir les professeurs que j'ai eu ils vous diront tous la même chose : j'étais intéressée, attentive, mais quelque peu bavarde, mon plus grand défaut à l'époque, cependant mes notes corrigeaient tout ceci. Pour ce qui était de ma vie sociale, j'avais beaucoup d'amis à l'école, entre enfants on peut être mauvais, mais ce n'était pas le cas dans mon école, je m'entendais avec pratiquement tout le monde et j'étais toujours partante pour m'amuser et aider les autres. Malheureusement pour moi, en grandissant ceci à changer, au fond ce n'est pas plus mal, ça m'a permis de mûrir. Et oui, comme tout le monde j'ai commencé à grandir, à changer physiquement et le physique ça n'a pas spécialement été un plus pour moi. Je suis arrivée au collège, toujours aussi attentive et douée dans toutes les matières, tout en restant assez dispersée pendant les cours, parler était une grande passion pour moi à l'époque. Là, les élèves, mes soit disant camarades, ont commencé à être mauvais avec moi parce que je n'étais pas blonde, aussi fine qu'une allumette et pas aussi parfaite que les autres. Si pendant quelques années j'ai été blessée par leurs critiques, au final j'ai fini par ne plus faire attention et je me suis uniquement concentrée sur mes cours, au moins je ne risquais pas d'être critiquée sur ce point-là. Puis vint ma douzième années ... mon douzième anniversaires si vous préférez. Ce fut un grand tournant dans ma vie, Maria et Daemon ont divorcé, moi qui les voyais comme le couple le plus parfait du monde, ça m'a fait un sacré coup, je dois l'avouer, cependant j'étais trop jeune pour connaître la vérité, pour savoir que mon oncle trompait ma tante depuis des années et que l'ayant appris elle décida de partir loin. Oui, loin ... Ce fut à douze ans que je quittais définitivement Jacksonville et la Floride pour San Francisco en Californie, à l'autre bout du pays, chez ma grand-mère. Néanmoins, je ne me plaints pas réellement d'avoir quitté la Floride, même si le Soleil me manque et la plage de Miami aussi, mais ça m'a permis d'en arriver jusque là ...

Le lycée ... je pense que c'étaient les plus années de mon existence, bon si on met les critiques des cheerleaders que j'aurais bien frappées bien que je ne l'ai jamais fait, hors de question de me mettre à leur niveau. Vivre chez ma grand-mère ce fut une toute autre expérience et autant le dire : je l'ai souvent prise pour une vieille folle qui ne voulait pas sortir de sa période hippy, mais au fond je l'ai toujours aimé et je l'aime toujours autant. Ma tante et ma grand-mère ont voulu me préserver quelques années de plus, me laissez dans l'innocence aussi longtemps que possible, tout en sachant très bien lorsque la formule bridant mes pouvoirs cesserait de faire effet, détail dont j'ignorais tout. Bref, revenons au lycée. Là j'ai fait les plus belles rencontres de mon existence, à commencer par mon meilleur ami : Ezra. Il était loin d'être le garçon fait pour moi, tout du moins en principe, si on suivait les règles du lycée, mais on ne les a jamais suivies. Je l'avais déjà remarqué dans les couloirs, tellement bien remarqué que je n'avais même pas fait attention à la porte de casier ouverte vers laquelle je me dirigeais et que j'ai douloureusement refermée avec ma tête ... Notre amitié a commencé lorsqu'on s'est retrouvé coincé dans le gymnase en fin de semaine, j'étais paniquée à l'idée de rester enfermée là tout le week-end et malgré la grandeur des lieux je commençais presque à faire une crise de claustrophobie, mais Ezra m'a rassuré et j'en suis même venue à regretter de ne pas être restée coincée plus longtemps avec lui ... Le lendemain il aurait très bien m'éviter, mais non, on s'est rapproché et on est devenus de bons amis, meilleurs amis et puis un an plus tard on formait officiellement un couple, le bonheur quoi. Seulement, la même année j'apprenais la vérité sur ma famille. Ma grand-mère avait décidé qu'il était temps pour moi de savoir tout et si ma tante ne me disait rien c'était parce qu'elle avait la malchance - si on veut - de ne pas avoir eu de pouvoirs de toute sa vie. Bref, j'ai pris ma grand-mère pour une folle - une fois de plus - lorsqu'elle m'a dit que j'étais à moitié sorcière et à moitié phoenix, un mélange pourtant pas très conseillé dans le monde bénéfique et qui était la cause de la mort de mes parents et de ce qui allait mettre ma vie en danger. Comment voulez-vous croire un truc aussi gros ? Ça et le fait que j'avais soit disant des pouvoirs, bien sûr que je n'y ai pas cru, tout du moins pas avant l'année suivante. Je suis morte ... je sais dis comme ça c'est surprenant pourtant je jure que c'est la vérité. C'était un soir d'hiver, je rentrais chez moi quand une voiture est sortie de nulle part et elle m'a renversé. Je jure que je suis morte, je me souviens parfaitement de la douleur pourtant quelques heures plus tard je revenais à moi dans ma chambre, paniquée, évidemment. Là, j'ai été obligé de croire les paroles de ma grand-mère, surtout que l'année de mes dix-huit ans fut bouleversée par l'apparition quasiment simultanée de mes trois pouvoirs. Je dois avouer que j'ai de la chance d'avoir ma grand-mère pour m'aider dans la maîtriser de mes dons et de la magie, sinon je serais une catastrophe ambulante et j'aurais du mal à me protéger contre les démons, mais pas que contre eux ...

Le retour de mes pouvoirs a signé le début d'une grande méfiance envers tous les inconnus qui tentent d'entrer dans ma vie. Dès lors que mes pouvoirs firent leur apparition, ma grand-mère me prévint que ma famille, celle du côté de mon père, tenterait de me "récupérer", de me faire rentrer dans les rangs, faisant de moi une tueuse à gages. Autant dire qu'ils peuvent rêver, il est hors de question que je devienne maléfique, que je tue des innocentes personnes ! Néanmoins, je reste méfiante, je sais qu'ils en ont après moi et qu'ils sont assez malin pour me tomber dessus au moment où je m'y attendrais le moins. Cependant, j'ai continué de vivre et je continue de le faire. J'ai terminé le lycée, diplômée et dans les premières de ma promotion, toujours en couple avec Ezra. Et aujourd'hui âgée de vingt-deux ans, je continue à en apprendre beaucoup sur mes pouvoirs et sur la magie, tout en continuant mes études d'histoire pour devenir professeur dans cette même matière. Actuellement fiancée à mon petit ami du lycée, il m'arrive de me demander si c'est une bonne chose, Ezra a beau être un sorcier, j'ai peur de le mettre en danger avec ces phoenix qui en ont après moi.