« Ton regard emprisonera mon âme »

Assise sur mon banc, je regardais à travers la vitre rêveusement. Passant ma main dans mes cheveux, je pousse un léger soupire. Pour l'instant mes cours ne m'intéressaient pas vraiment, j'étais plus préoccupé par la mort de mes parents. Ils me manquaient tellement, leurs sourires, leurs regards, leurs tendresses. Mon coeur se serra douloureusement à cette pensée, je sentis mes yeux brûler sous cette envie irrésistible de pleurer. Non, je ne devais pas fléchir, pas ici devant tout le monde. Je reporte soudain mon regard vers le tableau, j'avais raté quoi? Ha oui, le professeur parlait de la psychologie humaine, ben voyons, comme si nous pouvions étudier ça. Je jette un œil sur ma montre et la cloche sonna, timing parfait! Me levant en silence, je me mis à ranger mes livres tout en parlant avec certaine de mes amies. J'essayais de me changer les idées, de ne plus penser cas ma scolarité que j'étais en train de rater littéralement ses derniers temps. Moi qui était généralement ne élève brillante, mes notes faiblissaient de jours en jours. Bien sûr, mes professeurs mettaient cela sur le fait de la récente tragédie, moi je mettais plutôt cela sur le compte de ma rencontre étrange il y a cela quelques jours.

Sortant de la salle de classe, je souriais et riais sans vraiment le vouloir. Je me forçais, tentant de paraître la plus normale possible. C'est alors qu'un homme apparu non loin de moi, me faisant signe d'approcher. Quittant mes amies je m'approche de lui en silence, sur mes gardes néanmoins, je l'observait de haut en bas. Il était grand et brun, des yeux aussi bleus qu'un océan et portait une bague étrange...une bague que je connaissais très bien. Super, un cupidon! Comme si je n'avais que ça à faire. Peut-être que c'était un ami de mon père, j'en avais vu défiler des cupidons lors de l'enterrement de celui-ci. Enfin, pas que cela, des elfes, des nymphes et également beaucoup d'autres créatures. Bref, je me stoppe devant lui en soupirant calmement.

• « Cupidon, que me veux-tu donc? Et, que fais-tu ici! »

Il arborait un sourire des plus niai, le même que mon père quand il allait faire un mauvais coup. Sans raison, il me poussa alors sur la droite et je fis un pas sur le côté. Je ne compris pas la raison de cet acte, sauf quand une personne me fonça dedans et que mes livres tombèrent sur le sol. Ha ben super, comme si faire tomber mes livres allait me mettre de bonne humeur. J'allais pousser une gueulante quand je me fige, cet homme, je l'avais déjà bousculé une fois. Ses trais, son visage, ses yeux, non de dieu qu'il était beau. J'avais tenté de le retrouver de nombreuses fois dans les couloirs après notre première rencontre, mais c'était comme si il m'évitait depuis ce jour. Bon, là il faudrait que je remercie ce Cupidon, sur le coup je ne fis pas le rapprochement. Me baissant pour ramasser mes livres, ainsi que mes affaires, je ne quittais pas des yeux le jeune homme.

• « Je suis désolé, je ne t'ai pas vu. Enfin, j'ai trébuché et je t'ai encore foncé dedans... »

Passion, arrête de parler aussi vite, cela ne sert à rien. Je me redresse en souriant. Je ne pouvais plus défaire mon regard de lui, cet inconnu qui me faisait l'effet d'une bombe quand je le croisait dans les couloirs. Je ne l'avait jamais remarqué avant, chose assez étrange vu qu'il était plutôt...canon. Oui, c'est bien le mot qu'il fallait employer avec lui.

«La mécanique de mon coeur épousera celle du tien...»

Le soleil se levait sur la ville de San Francisco, perçant sans réelle difficulté la brume matinale habituelle. La chaleur de ses rayons effleurait ma peau encore endormie. Le réveil se fait entendre, il est temps d'aller en cours. La seule raison qui me poussait à me lever était le fait d'être un vendredi. Le vendredi, dernier jour, dernière étape avant un repos de deux jours, bien mérité. Plutôt du genre déterminé, l'objet de torture se manifeste à nouveau... Bon sang, qu'il m'énerve lui ! Un simple geste de la main -un peu brusque, je le reconnais, et le voilà contre le mur, silencieux. Je me sentais fier de cet acte de rébellion. Finalement, je m'étire et trouve le courage de sortir de mon lit. J'avais encore rêvé d'elle. J'ignorais son prénom mais elle avait un tel impact sur moi... Personne avant ne m'avait fait cet effet. Il faut dire, qu'à vrai dire, l'image que je laisse aux autres de ma personne est plutôt froide, enfin non, distante. Je me fonds dans la masse, ne souhaitant pas attirer l'attention et commettre quelque chose d'irréparable. La lumière bleuâtre de mes mains se dissipe, je me dirige vers la salle de bains, paisiblement. Je me demandais où était mon oncle... Probablement entrain de faire sa vie ou quelque chose de fou, comme à son habitude. Musique à fond, je prends mon temps, ne commençant qu'à dix heures. Je grimace devant la cicatrice, tendrement laissée par mon géniteur, sur le flanc gauche pour me précipiter une bonne vingtaine de minutes sous l'eau. Complètement détendu, quelque peu rêveur, l'image de cette blonde au visage angélique ne cessait de me hanter. Bizarrement, je ne l'avais pas revue et il fallait être honnête : ne pas la croiser me permettait de ne pas avoir à expliquer ce que je ressentais. Quelque chose de singulier et d'unique, que je n'avais pas ressenti depuis longtemps. Un sentiment vague, prenant la place d'un souvenir à peine remémorable. Je secouais alors ma tête, pour tâcher de l'oublier un instant. En sortant, je vois un mot sur la porte du réfrigérateur, il était de la main mon oncle : Je suis parti quelques jours, amuse toi bien mais arrange toi pour que la maison soit en état Ellyhan ! Sinon, tu finiras comme tes autres réveils ! A plus tard, je t'aime. Je souris, amusé par ses remarques et son attention. Il était maladroit, tout comme moi et cela me faisait plaisir de trouver considération aux yeux de quelqu'un. Il apprenait le rôle du père et je tâchais de retrouver celui de "fils".

Direction l'université. J'y étudiais le droit international. J'adorais cela mais ma tête n'était pas d'humeur. Contrairement aux autres jours, la seule chose que je voulais, c'était la revoir. De loin serait l'idéal, j'étais timide en faite... La sonnerie retentit, je cours en direction de mon cours. Saluant poliment le professeur, je vais me mettre au fond, la place du "cancre", mais au moins, j'étais bel et bien tranquille. Mon regard s'échappe vers la fenêtre. J'y vois un homme, à l'allure étrange. Il regarde dans ma direction, un sourire nié aux lèvres. Ce sourire, je l'avais déjà vu et cet homme me semblait familier. L'impression de l'avoir déjà vu me vint à l'esprit. Ce fut le bruit strident de la craie de mon professeur qui me remit les pieds sur terre. Il avait posé une question, qui allait mettre fin à l'heure de cours. N'ayant rien écouté, il m'interrogea. La réponse apparu comme par miracle dans mon cerveau, telle une... révélation ? Surpris, un groupuscule d'élèves se retourna vers moi, le hochement de tête du professeur me donna la permission de quitter son cours, plus tôt. Je lançai quelques sourires à gauche, à droite, plutôt fier de mon coup et lorsque je franchis la porte, la cloche sonne. La tête baissée, concentré sur mon portable, c'est un miracle si je n'ai pas...heurté quelqu'un. Des bouquins me tombèrent sur le pied, je m'empressai de les ramasser, puis relevant la tête, mon regard se perdit dans le sien. Elle avait parlé si vite que je n'avais rien compris. Mon sourcil s'arqua, puis, vu la situation, j'imaginais bien qu'elle se confondait en excuses. Un franc sourire s'afficha sur mon visage. - « Oh... Il y a aucun soucis. On ne s'est pas déjà vus euh... Comment tu t'appelles ? » Ce même sourire nié n'avait pas quitté mes lèvres. Je finis par me dire que peut être, je l'intimidais, je me relevais doucement, en ne pouvant m'empêcher de la quitter du regard. « Décidemment, on a vraiment une façon étrange de se voir. La prochaine fois, on évite de se rentrer dedans hein ! » Encore fallait-il qu'il y ait une prochaine fois...

« Ton regard emprisonera mon âme »

• « Oh... Il y a aucun soucis. On ne s'est pas déjà vus euh... Comment tu t'appelles ? »

Il m'adressait la parole? A moi? Il venait de me demander mon prénom? Je restais figée sous l'effet de la surprise, je n'étais pourtant pas du genre timide. Quelque chose en moi se crispait, comme la première fois ou j'avais vu mon ex petit ami, mais en dix fois plus fort. Passant une main dans mes cheveux, je n'avais toujours pas répondue. Plongée dans son regard, je sourie timidement. J'étais en générale une jeune femme charmeuse et plutôt dragueuse, non pas du genre timide et peux bavarde. Justement, loin de là. Mais avec lui, c'était différent vraiment différent. Quelque chose en lui me plaisait, pas forcément son physique, quoi que beau comme il était...Non, plutôt ce que je pouvais lire dans son regard, pas une once de méchanceté. Je me rendis compte que je n'avais toujours pas répondue, je me sentis tout à coup très stupide et gênée. Mes joues se mirent à rougir, une sorte d'étrange chaleur m'envahis sans que je ne puisse contrôler quoi que ce soit. Non, Passion contrôle toi ou tu vas foutre le feu à l'université!

• « Euh...Passion, Passion Halliwell. »

Je ne quittais pas son regard, je m'y plongeais sans retenue, je m'y noyais sans pouvoir reprendre mon souffle. Pourtant, quelque chose en moi me disait de détourner les yeux, que je devais avoir l'air complètement folle. Ho, et puis zut, je n'avais pas envie d'écouter ma cervelle aujourd'hui, juste mon instinct!

• « Décidemment, on a vraiment une façon étrange de se voir. La prochaine fois, on évite de se rentrer dedans hein ! »

La prochaine fois? Venait-il de dire que nous allions nous revoir? Non, je devais me calmer, ne pas sauter de joie. J'avais devant moi mon obsession depuis plusieurs jours, je ne pensais cas lui, je me mettais même à rêver de lui. C'était comme si l'on essayait de me faire passer un message, comme si mon coeur semblait hurler de rage à chaque fois que je ne le croisait pas dans les couloirs. J'en devenais folle, terriblement mystérieuse et obséder par ce jeune homme. Je savais que l'amour n'était pas pour moi, surtout pas en ce moment. Puis que ressentais-je réellement? Je n'en avais aucune idée, pourtant, c'était bien là, en moi. Cette petite chose qui s'allumait quand je le croisais, cette petite chose qui bondissait dans ma poitrine lorsque son regard se posait sur moi, même une fraction de seconde. Je souriais bêtement, un peux comme lui d'ailleurs, nous semblions étranges ainsi immobile dans le couloir. Enfaite, m'avait-il parlé? Oui, juste, une fois de plus j'avais oublié de lui répondre.

• « Oui, ce serait bien effectivement...Mais, c'est de ma faute, je ne regardais pas ou j'allais. »

J'avais dis cela avec une petite pointe d'humour, mon petit sourire angélique sur les lèvres. Je remet une mèche de mes cheveux en place, c'était un tic nerveux, je touchais sans cesse à mes cheveux. Bref, je met mes livres convenablement dans mes bras, je devais absolument trouver quelque chose à dire. Je ne voulais pas qu'il parte, cette fois, je ne le laisserait pas filer, il en était hors de question. J'avais attendu ce moment depuis si longtemps, le jour ou enfin nous pourrions faire connaissance, nous parler et pas seulement nous échanger un simple regard. Passion, réfléchit et vite...Finalement, après quelques secondes, je dis en souriant.

• « Un petit café ca te dit? Histoire de me faire pardonner. Sa fait quand même deux fois que je te bouscule, je te dois bien ça. »

Bon, pas super comme prétexte, mais je n'avais trouvé que ça. Après tout, nous étions sur l'heure de déjeuner, je savais donc qu'il n'avait pas cour en ce moment précis. Je souriais comme pas deux, espérant au fond qu'il accepterait ma proposition. Durant tout ce temps, je n'avais cessé de le regarder droit dans les yeux, n'arrivant pas à me détacher de lui. Son sourire me donnait envie de faire pareil, son visage si parfait me donnais envie de rêver. J'aimais le voir dans mes songes, car au fond, sa beauté était encore plus grande en réalité.